Ne laissez jamais personne vous détruire

Dire que je m’apprêtais à vous raconter mon escapade dans la petite Venise du Nord .

Dire que j’allais vous enivrer avec ma niaiserie de ce week-end de Saint-Valentin.

Je suis dans le train qui me ramène de Bruges à Paris (où quelqu’un essaie d’ailleurs de me tuer car c’est de l’air froid qui souffle à la place du chauffage juste au niveau de mon siège, je ne sais pas si je pourrai terminer ce billet).

Pourtant, je viens d’être confrontée à nouveau à la douleur d’une collègue qui traverse un moment difficile, un moment que beaucoup trop d’entre nous ont vécu et par conséquent j’ai envie de vous parler d’elle, de moi et des autres.

Elle vient de m’envoyer un message de désarroi.

Je sais qu’on a beau dire que les paroles sont emportées par le vent (j’ai toujours le même humour pourri, vous pouvez le vérifier), je trouve qu’il est toujours bon de redire les choses,les répéter maintes fois au risque de paraître pénible et rabat-joie, raconter son expérience peut être bien souvent salvateur,tout simplement pour éviter qu’elle ne se reproduise.

Encore une fois.

Pour que vous ayez une chance de prendre un autre chemin, vous arrêter à temps ou tourner à droite, au lieu de vous éloigner et sombrer.

Cette collègue, cela faisait quelques mois que je la voyais dépérir.

Elle avait perdu son sourire,d’habitude si avenant et entraînant.

Elle ne parlait plus, elle ne se mélangeait plus à nous, elle qui était la première à commander une tournée de bières lors nos sorties.

Les cernes sous ses yeux se sont creusées.

Ses jolies formes se sont gommées.

Elle n’était plus que l’ombre d’elle même.

J’ai d’abord pensé qu’elle était gravement malade.

C’est toujours difficile d’aborder son intimité avec un collègue de bureau, surtout quand on ne sait pas vraiment de quoi il s’agit.

Mais un jour je l’ai vue dans un tel désarroi que je lui ai demandé de venir dans mon bureau.

J’ai juste eu à lui dire que je voyais que ça n’allait pas et que je pouvais peut-être faire quelque chose.

Puis elle m’a dit.

Elle souffrait de la même maladie que moi il y a quelques années, années qui ne sont finalement pas si lointaines.

Elle souffrait.

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Sa séparation brutale et inattendue était en train de la tuer à petit feu.
Ses enfants, deux et en bas âge , elle ne sait plus comment les gérer.
Elle ne sait plus où trouver la force .
Elle ne sait plus à quoi s’accrocher, à qui.
On peut vite basculer et se demander si la vie vaut le coup d’être vécue à présent.

Je ne le sais que trop.

Tout s’est écroulé, sans aucun préavis .

Je lui dit que c’est au fond d’elle qu’il faut qu’elle la trouve,cette force.
Je lui ai montré une photo de moi au moment où je traversais cette épreuve(elle cause toujours un électrochoc aux gens qui m’ont connue bien dans mes baskets).
Je pesais alors 49 kilos ( pour 1,74m) et je faisais peur à voir (c’est pas pour ça que je me présente à Miss France non plus maintenant héhé).
Et je l’ai mise en garde.

Ce mal et cette souffrance peuvent t’entraîner loin, là où tu ne songes même pas.

Je lui ai parlé de la maladie qui s’est déclenchée suite à ma séparation, qui aurait pu avoir de lourdes conséquences si je n’avais pas choisi de me battre.
Mon médecin m’avait alors dit qu’il avait eu à faire au cours de sa carrière à des cas similaires au mien : patients en parfaite santé,puis,après un violent choc émotionnel, un mal qui vous ronge de l’intérieur et vous donne l’impression de marcher avec des couteaux dans le ventre,et hop, cette vilaine  pathologie s’invite chez vous.

Et peut vous tuer.

Je ne mettrai pas un nom dessus car aujourd’hui je ne veux pas vous parler de ça.
Par contre à elle , je lui ai dit que si je m’en étais sortie, c’était grandement grâce à ma volonté.
Mais aussi pour mes enfants, la famille et quelques précieux amis (coucou Philippe).
Je lui ai aussi dit que je connaissais cette douleur .Trop.

Mais aucun être humain n’a le droit sur cette terre de nous faire peiner de la sorte.

Personne, non, personne n’a le droit de nous détruire .

Il ne mérite pas qu’elle se mette dans cet état.
Nous sommes plus forts que nous le pensons.
L’horreur d’aujourd’hui pourra se transformer en bonheur demain.
Seulement demain c’est peut être dans 6 mois, dans 1 an, dans deux ans.
Il faut être prêt, il faut se reconstruire.
Mais on ne peut pas le faire seul.
Je le sais.

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Alors aujourd’hui j’aimerai juste que tu acceptes qu’on te tende la main.
Cela peut être la mienne, un ami, un membre de ta famille, ton prof de gym, qui tu veux.
Quelqu’un qui voit en toi qui tu es vraiment.
Tu es jolie,une belle personne, pétillante et brillante.
Moins en ce moment.
Et n’oublie pas.

Tu as deux enfants merveilleux qui ne seront plus les mêmes si tu n’es pas là.
Moi aussi j’ai voulu partir.

Regarde- moi maintenant.

Accroche toi , je t’en prie, cela vaut la peine.

Parle,crie, pleure, cours, marche, cuisine, sors, pars loin un moment s’il le faut, regarde Bridget Jones en boucle.

Tu as le droit.

Mais reviens.
Reviens avec ce beau visage qui m’a fait dire de toi la première fois que je t’ai rencontrée « cette nana, elle est vraiment canon, sous tous rapports ».
Cette nana canon, c’est toi.

Réveille la. S’il te plaît .Réveille-toi.

Tu vois, moi, je suis guérie .

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Tu vas y arriver aussi.

Affectueusement,

 

 


11 réflexions sur “Ne laissez jamais personne vous détruire

    1. Merci ma petite bulle… Des fous je préférerai que ce soit de la fiction… Mais c’est bien vrai, le monde n’est pas rose , je pense donc que nous avons tous un petit rôle à jouer pour nous aider les uns et les autres. Gros bisous.

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  1. Emouvant et ces mots, tes mots, toujours aussi justes même dans les textes de l’urgence et du mal-être. J’espère de tout coeur que cette personne saura rebondir pour pouvoir se dire (pardon pour la vulgarité)  » putain qu’c’est bon de vivre vraiment!  » !

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    1. Merci les filles ! Je suis très impulsive et émotive … Alors chaque petit moment de tristesse vécu par les autres peut prendre le pas sur mon instant de bonheur … Et vous avez raison ! Putain que c’est bon de vivre vraiment ! Je vous bisoute ! Cristina

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  2. Je voyage sur ton blog ce matin, Nono dort.
    Étrangement, ces mots m’ont parlé…même si mon corps l’exprime différemment. Putain de bordel, c’est con la vie parfois. Mais au moins, on apprécie d’autant plus les petits trésors qu’elle nous offre. Tes mots sont chouettes.( euphémisme mais « ils mettent du BEAUme au coeur » faisait niais)

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