Les vendredis des papas

Chaque vendredi, j’observe un phénomène qui m’est malheureusement trop familier: l’échange des enfants pour le week-end ou la semaine, selon le mode de garde.

Je les observe à la sortie de l’école, dans le métro, à la gare ou dans les rues.

On se reconnaît entre parents séparés, il y a des signes qui ne trompent pas…ce sourire malgré la fatigue de la semaine, ce regard bienveillant envers sa progéniture, cette accolade chaleureuse, ce sentiment de bonheur qui parfume l’air autour d’eux.

Ce sont souvent les papas que je vois, car c’est généralement en faveur de la maman que le juge aux affaires familiales tranche.

Parce que depuis toujours, on considère que cela doit être ainsi.

Que la maman a l’instinct maternel, que les enfants ont plus besoin de leur maman que de leur papa pour se construire, que maman fait tout mieux que papa, gnaganagana.

Toutes ces idées que l’on nous martèle depuis que nous sommes petits, de la même façon que l’on nous fait croire aux contes de fées comme Cendrillon.

Source Pinterest
Source Pinterest

Mais où est-il écrit et prouvé que les choses doivent être ainsi?

Vous avez le manuel, vous?

Je suis pourtant une maman et ne devrais peut-être pas me prononcer de la sorte.

Je les observe, ces papas.

Parfois maladroits, prenant leur petit bout d’un bras et le sac débordant d’affaires de l’autre, pour le court moment qui leur est accordé, juste le temps d’un week-end.

Souvent touchants par leurs gestes si attentionnés, vite débordés par un quotidien auquel ils ne sont pas habitués.

Mais pourquoi?

Parce qu’à mon sens, on les conditionne à ne pas être à la hauteur à partir du moment où la grossesse est annoncée.

C’est la femme qui porte le bébé, qui en souffre les conséquences physiques et émotionnelles, qui le ressent, donc, naturellement, le lien avec le bébé se forme de façon plus étroite.

Ensuite, après la naissance, la maman prend le dessus et devient la louve protectrice que vous avez peut-être été ou que vous avez connue (souvent au détriment de sa vie de couple, malheureusement).

Et si on laissait le papa participer plus au quotidien de la vie de famille?

Il en a pourtant souvent envie mais on ne lui accorde pas cette chance.

Ce que j’essaie de dire aujourd’hui c’est que l’on parle souvent de la souffrance des mamans après une séparation, je suis la première à pouvoir m’exprimer sur le sujet, je me suis faite congédiée par téléphone, deux mois après la naissance de mon deuxième enfant, ça aurait pu être avec une note sur un post-it, c’était pareil (si tu as suivi tous les épisodes de Sex &The City, tu peux comprendre).

Mais nous ne sommes pas les seules à ressentir une douleur, cette amertume, le son de la peine.

De nombreux papas se retrouvent séparés de leurs enfants sans avoir eu le temps d’apprendre à tisser un véritable lien avec eux, sans avoir pu crier gare ou avoir pu donner leur avis.

Ils ont probablement eu autant envie de ce bébé que la femme avec qui ils avaient décidé de le concevoir.

Beaucoup d’entre eux ne méritent pas cet éloignement amer et éprouvant.

Nombreux souhaiteraient prendre véritablement leur rôle au sérieux.

Quand j’observe certaines mamans agir, je me fais parfois la réflexion que leur enfant serait aussi bien avec le papa.

Certains papas peuvent être meilleurs que nous, les mamans, il faut savoir l’accepter.

Source : http://mylittlebiglove.com/
Source : http://mylittlebiglove.com/

J’ai de nombreux exemples autour de moi.

Evidemment celui qui me saute aux yeux est celui de l’amoureux.

Sa fille habite à plus de 500 kilomètres de chez nous, maintenant.

Non pas que sa maman fasse mal son job.

Mais la distance est bien là , et il est difficile de construire une relation stable et de contribuer véritablement à son éducation puisqu’il n’est pas présent au quotidien bien qu’il fasse tout pour ( je l’admire également beaucoup pour cela, beaucoup auraient déjà abandonné).

Il ne le mérite pas.

C’est un super papa, meilleur dans son rôle que je ne le suis dans mon rôle de maman, je pense.

Il est plus patient, plus pédagogue, pense toujours au bien de sa fille en premier lieu.

Source : gledow.tumblr.com
Source : gledow.tumblr.com

Comme lui, des milliers de papas sont dans cette situation.

Ils n’ont pas eu d’alternative.

La douleur de la séparation n’est pas un sentiment exclusivement réservé à la femme.

Alors, quand chaque vendredi, je les aperçois avec des petits doigts potelés suspendus à leur cou, un doudou dans la poche du manteau, et la tétine qui dépasse de la poche du jean, j’ai un petit pincement au coeur.

Parce que je sais…enfin, je crois savoir.


9 réflexions sur “Les vendredis des papas

  1. Ton article est très touchant…je suis complètement d’accord ! Chacun a son rôle à jouer et notre société condamne trop vite comme toujours ! Bravo ce billet permet la réflexion ! Bises

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  2. Ca me sert le coeur à chaque fois aussi ma belle Cristina. C’est douloureux une séparation pour les enfants, les papas et les mamans. Personne ne passe à travers les mailles de la peine et du chagrin.
    Je suis bien d’accord avec toi. Les papas aussi assurent, même si dans les premières années l’enfant a souvent plus besoin de sa maman. Et ils sont souvent assez délaissés dans l’équation. C’est dommage.
    Par contre je ne pense pas que tu assures moins en tant que maman ma belle. Pour le coup je pense qu’il est plus facile pour un homme de gérer le tourbillon émotionnel que sont les enfants / adolescents. Nous on marche à l’affectif et c’est ce qui rend les choses plus compliquées.
    Bises et belle semaine.

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  3. Entièrement d’accord avec toi. Il est comme un jeu malsain de la part des mères, de toujours mettre en avant ce rôle là et le fait qu’elle enfante pour se sentir supérieure ou plus apte à avoir une garde. Le papa de mes enfants est un très bon parent. Je n’ai rien de plus que lui, à part ce que la nature m’a donné, de par le fait, un corps qui enfante. Sinon, on devient parents et les papas ont un rôle très important parfois. Ni plus ni moins.
    Merci de l’avoir rappelé !!! Bisous Cristina !!

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  4. C’est très joli ce que tu écris.
    Il y a une autre situation qui me fait beaucoup de peine, c’est le sort des beaux-parents. Quand tu as vécu plusieurs années avec l’enfant de ton compagnon, que tu l’as vu grandir, que tu y es attachée et puis un jour vous vous séparez. Tu n’as aucun droit sur cet enfant… C’est triste quand on y pense.

    ps : pardon de ne pas venir plus régulièrement 🙂

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    1. Merci Alexandra, c’est gentil..C’est terriblement vrai ce que tu dis, et j’y pense parfois car je suis justement dans ce cas de figure ( de famille recomposée) et parfois je me demande…Tu n’as pas s t’excuser , je pourrai dire pareil, je manque tellement de temps, je survole… Merci pour ton message en tous cas. Bonne soirée.

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