Une maman rêvée, une maman en réalité

Etre mère, ce n’est a priori pas la mer à boire selon certains.

Une liste de règles, un soupçon de patience, quelques gouttes de sagesse, 3 cuillerées de bienfaisance et tu peux repartir faire du shopping en talons.

Si seulement, si seulement.

Quand tu n’es pas encore maman et tu souhaites le devenir un jour, tu imagines déjà parfaitement quelle maman tu rêves être pour tes progénitures.

Avant cela, évidemment, tu as imaginé le papa idéal, mais ça, c’est une autre histoire.

Et naturellement, tu sais que tu seras une super maman.

Comment est-ce que cela pourrait être autrement ?

Si, comme moi, tu as connu des parents qui ont passé leur vie à se haïr et à se faire la guerre, forcément tu n’aspires qu’à un foyer de paix et à une vie de famille digne de « 7 à la maison ».

Tu n’envisages pas autre chose que de construire le schéma contraire.

La réalité m’a pourtant trop vite rattrapée.

En handicapée de l’amour que j’étais devenue sans le savoir, j’ai fait subir deux séparations à mes enfants, multipliant ainsi leurs angoisses et entamant quelque peu leur éducation sentimentale.

Alors même que je condamnais en silence les choix et les décisions de ma propre mère, je me suis vue emprunter une route encore plus chaotique.

A la place des paisibles dimanches en famille, je leur ai offert une succession de rendez-vous sur les trottoirs au cours desquels on échangeait les sacs à dos et les consignes.

Au lieu de la stabilité que l’on sait si importante aux enfants, je leur ai fait connaître déménagements et changements d’école.

Je n’étais pas en ce point la maman que je rêvais d’être, c’est certain.

Encore à l’école, j’enviais secrètement les mamans qui étaient de toutes les sorties scolaires, qui étaient les premières à venir chercher les copines avec une compote à la main et une madeleine dans l’autre, toujours avec le sourire et une maîtrise Van Der Kampienne.

La petite Cristina que j’étais jurait être la première à franchir la porte en jupe crayon et chemisier blanc à 16 :30 quand elle serait maman à son tour.

J’ai très vite compris que ça n’allait pas être compatible avec la vie que je menais.

Si je préparais avec soin les goûters que je glissais avec amour dans leurs petits sacs à dos Disney, j’étais bien souvent la dernière à aller les chercher, ayant troqué les talons pour les baskets, de façon à courir plus vite dans les couloirs du métro.

C’est alors cheveux ébouriffés et parfois dégoulinante de sueur que j’arrivais à la garderie ou à l’étude du soir pour me voir accueillir par un « Maman, pourquoi tu viens jamais la première ? ».

Là encore, j’avais modifié le scénario de maman idéale sans le vouloir réellement.

Je voulais que nos moments soient plus importants que tout, que le bain dure des heures, que le repas ne soit pas englouti en un temps record alors que l’horloge du salon me rappelait à nouveau que je faillissais à mon devoir, que les week-ends soient synonymes de ballades au grand air.

Je confesse pourtant sans honte, m’être fait remplacer par un DVD (parfois deux), ne pas avoir respecté l’heure militaire du coucher, avoir cédé à la tentation de la junk-food parce qu’ils me le demandaient, avoir préparé le dîner en même temps que le bain, avoir fait les devoirs à leur place (chuuuuut).

Tu ne nais pas maman, tu le deviens.

Aucun livre ne te l’apprend, aucune théorie ne s’applique de la même façon, nulle part il n’est écrit que les choses ne peuvent pas changer.

Je me suis souvent demandé si j’étais réellement faite pour être mère, tellement mes choix de vie s’étaient révélés catastrophiques et douloureux pour les fruits de mes entrailles.

Une petite voix m’a longtemps murmuré que je préférais être femme et que c’est pour cela que je n’avais pas réussi à muer en la maman que j’idéalisais être.

J’ai appris depuis que les deux ne sont pas incompatibles, bien au contraire.

Souvent je rêve d’une baguette magique qui me ferait revenir dans le passé et agir différemment.

Pas pour moi, pour eux.

Est-ce que tout changerait pour autant ?

D’une chose je suis certaine : ce qui ne changera jamais sera l’amour que je leur porte à toute épreuve.

Alors, non, je ne suis pas du tout la maman que j’avais rêvée, j’en suis même très éloignée.

Je m’énerve parfois, me montre de temps en temps moins présente, rêve parfois d’ailleurs.

Mais avec une dose de folie, un zeste de tendresse, des litres de patience et surtout une tonne d’amour, je suis votre maman de la réalité.

Une maman qui vous AIME.

J’espère que vous le comprendrez un jour.

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11 réflexions sur “Une maman rêvée, une maman en réalité

  1. Un jour ils comprendront c’est certain Cristina. Car l’amour est là et je crois que c’est ce qui fait toute la différence.
    Je suis loin d’être la maman que j’avais rêvée d’être. Tes mots me parlent beaucoup.
    Nos choix ne sont pas toujours aisés mais parfois inévitables. On aimerait éviter tant de choses à nos enfants. On ne le peut pas toujours. On fait au mieux.
    Grosses bises ma jolie!
    Marie – http://www.chroniquesatmospheriques.fr/

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  2. Ma chérie,

    J’observe depuis bientôt 3 ans la maman que tu décries dans ces lignes, j’ai même la chance de partager son quotidien depuis 2 ans, et je peux te dire que cette Maman fait de son mieux, et qu’elle se débrouille très bien avec les mauvaises cartes que la vie lui avait mis dans son jeu. Tu es trop sévère avec toi même. Tu oublies juste une « petite » chose en faisant ton bilan : tu étais seule pour gérer tout cela. Tu as fait les bons choix (courageux) pour te donner une chance d’être heureuse dans la vie, et ne pas reproduire un vieux schéma transmettant les névroses que tu sais. Les parents malheureux ne font pas des enfants heureux, ça se vérifie toujours.

    Tu es une super maman, pas exactement comme tu aurais aimé l’être, mais tout de même. Ma petite princesse t’a adopté depuis le 1er jour, et je sais qu’elle ne s’est pas trompée quand je vois les enfants autours de toi. J’aimerai que tu sois sa maman. Même si l’adolescence offre une facette inquiétante de nos progénitures, et qu’on se demande ce qu’on a bien pu rater pour en faire les peste qu’ils deviennent, tu n’y es pour rien, c’est comme ça. Pense aux moments où ils sont tous les 3 ensembles, ils sont insouciants, juste heureux d’être là. C’est le plus important.

    PS : Je t’aime, mais cela ne m’empêche absolument pas d’avoir un regard objectif sur toi 😉

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    1. Je me demandais aussi qui étais  » chéri réalité » . Merci de m’avoir fait pleurer au bureau alors que je suis en pleine facturation . Je n’ai pas le temps de répondre de suite comme je le souhaiterai … Merci . Love u. ❤️

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