Une question de temps

Nous avons tous l’air de dire que nous en manquons cruellement.

Nous vivons dans l’ère de l’overbooking, du débordement, de la course contre la montre, de la recherche des minutes volées par un escroc dont nous ignorons tout ou presque.

Nous aimons presque à dire que nous n’avons pas le temps d’aller faire pipi ou de déjeuner, cela nous donne un genre, on se rêve une personnalité très importante qui passe sa vie dans les avions, alors qu’en fait c’est derrière un clavier que nous nous cachons et nous perdons trop souvent.

Le rêve.

Oubliez les gars, nous ne sommes pas tous des Barack.

Temps, où voles-tu ?

Nous sommes pourtant nombreux à débuter notre journée  en  jetant un œil furtif mais aguerri à nos comptes Instagram, Facebook, ou autre réseau de désocialisation.

Nous envions parfois, jalousons, likons, admirons, détestons souvent.

Et ceci plusieurs fois dans la journée.

Entre-temps, avez-vous dit « Je t’aime » à votre amoureux, à ceux qui vous sont chers ?

Avez-vous pris de leurs nouvelles ?

Moi non plus.

L’actualité d’inconnus ou de vagues connaissances vient grignoter un peu de ce bien si précieux, qu’est le temps.

« T’as vu que Cyril Lignac était avec Sophie Marceau ? ».

Le ping de nos mails sur le téléphone qui nous rappelle sans cesse à lui, comme si nous attendions un message de la Française des Jeux ou de Bill Gates.

Vous n’avez toujours pas eu le temps de dire « Je t’aime » à votre amoureux, encore moins de lui passer un coup de fil, n’est-ce pas ?

Les appels de clients qui viennent envahir le moment du dîner et interrompre parfois le seul instant de partage dont nous devrions  enfin pouvoir profiter.

« Je n’ai pas le choix, c’est un client très important ».

A côté de cela, nous délaissons souvent nos proches, nos amis, notre famille.

De l’importance de ce qui est important, on en parle?

Je suis la première à dire que je ne les vois pas autant que je le souhaiterai, j’en conviens parfaitement.

Nous sommes devenus des esclaves des temps modernes.

Notre job, par exemple, occupe une place si importante que j’ai parfois l’impression que nous sommes tous des chercheurs à l’Institut des maladies incurables et que nous allons sauver le monde.

Nos clients nous tiennent par les roubignolles, nos supérieurs nous tyrannisent, nous asservissent et nous transforment en petits chihuahuas détestables.

Mais est-ce que cela va vraiment changer le cours de la bourse le fait de boucler ce dossier ce soir ou répondre à ce mail envoyé à 21 :24 ?

Source Pinterest
Source Pinterest

C’est une spirale infernale car nous vivons sans cesse dans la peur.

La peur de perdre notre emploi, ne plus rembourser son crédit, de se retrouver à la rue, de ne plus pouvoir subvenir à nos besoins et à ceux de nos enfants.

La peur de ne plus avoir de reconnaissance sociale, statut si important dans la société actuelle.

Alors, nous croquons dans la part du gâteau que nous avions nommée « PERSONNELLE », au départ si grosse, devenue ridiculement infime, au fil des jours, des années.

Avez-vous déjà essayé de faire un cercle et d’y dessiner les parts, équivalentes au temps que vous consacrez à vos amis, à votre famille, à vos enfants, à votre travail, à vous, à vos loisirs ?

Vous serez surpris et pourtant vous n’apprendrez rien que vous ne sachiez déjà et surtout, ô surtout, vous n’en ferez rien.

Vous passerez une nouvelle fois votre chemin, oeillères bien en place, petite queue remuante, prêts à jouer incessamment votre rôle de mouton.

Je suis moi-même un mouton, je le fais très bien d’ailleurs, surtout quand je ne fais pas de brushing.

Quand ce foutu temps qui manque et ces priorités qui n’en sont pas mais que nous avons jugées l’être, viennent nous éloigner des êtres chers, je me remets vraiment en question.

C’est actuellement le cas dans notre vie et ça me grignote de l’intérieur l’ami (je n’ai pas maigri pour autant).

Avoir un être cher malade, un être qui n’est peut-être plus si longtemps que cela avec nous et ne pas pouvoir prendre le temps de lui rendre visite, le réconforter, le soulager de ses maux avec les vôtres, de mots, ça me donne envie de me bouffer les tripes.

Offrir notre temps à notre famille au détriment de choses plus futiles de la vie, ce n’est peut-être pas si con que ça, si ?

Je murmure que nous devons changer nos priorités, alors que j’ai envie de le crier.

Je chuchote que je ne trouve pas ça normal, alors que je me meurs de le taguer sur les murs.

Des fleurs sur la pierre ou sur le marbre, les larmes, les remords, ne remplaceront jamais le temps que vous n’avez pas eu pour les vôtres.

Avant qu’il ne soit trop tard, je souhaiterai revoir mes priorités, cela n’engage que moi, bien sûr.

Ce n’est pas une résolution tardive de 2016, c’est un besoin vital.

Bonne fin de semaine les z’amis.


10 réflexions sur “Une question de temps

  1. Je crois que j’ai de la chance car ici les gens font vraiment de leurs loisirs et de leurs familles une priorité. Alors certes j’ai fait des compromis au niveau de ma carrière mais cet état d’esprit me permets de ne pas courir partout tout le temps 🙂

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  2. Un très bel article et je pense que je vais même l’imprimer et le mettre au dessus de mon bureau avec des coeurs dessus. Ouais, je suis comme ça.

    Depuis mon retour triomphal chez maman et papa ( ahha le rire jaune), je ne fais rien. Je me ballade avec mon gros ventre, j’écris un peu, je relis des cours pour le CAPES, je vois quelques amis ou je glande sur internet en attendant que Madame 1er sorte de mon ventre… Et il y a toujours ce moment où je culpabilise de ne pas « travailler », de ne pas m’être avancée dans les cours pour l’an prochain ou de ne pas être parfaitement au point sur la réforme du collège…Même quand on a « le droit » de ne rien faire, on culpabilise ..c’est dingue.

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  3. Je rejoins ta pensée, ta voix, ton bras lorsque tu rêves, crie, taggue cette nécessité de faire un pas en arrière pour revoir nos priorité…. J’essaye, depuis 1 an, de ralentir la cadence infernale que je me suis imposée depuis quelques années. Pas facile de dire adieu à nos démons. Mais les petits efforts font les grands progrès. À l’instant, je me prends le temps de limer correctement les ongles en lisant avec plaisir quelques articles intéressants comme le tien 😉

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  4. C’est cette prise de conscience qui va rendre le changement possible. Et qui surtout te donnera des ailes là où les autres qui préféreront rester formatés pourraient tenter de te dissuader. Tout va beaucoup trop vite, on nous demande trop et tout le temps. J’ai réalisé que j’étais exaspérée par le téléphone qui sonnait sans cesse alors j’ai supprimé quelques applications : plus d’hellocoton, plus de wordpress. J’hésite à virer facebook. Je garde pourtant Instagram. C’est un début. Avoir été malade cette semaine m’a fait prendre conscience qu’on nous donne l’illusion que nous sommes indispensables pour que nous n’arrêtions pas de nous investir sans cesse dans notre travail, dans nos responsabilités. Et qui s’investit envers notre personne ? notre famille ? nos amis ? Personne, et surtout pas notre boss. Alors comme toi, j’apprends à dire stop. Je refuse de me laisser embarquer dans un rythme qui n’est pas le mien, un rythme non-naturel qui nous pousse tous à bout. Et je prends le temps de vivre.

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    1. Merci pour ton passage par ici … Difficile de parler de tout ça sans culpabiliser, une maman ne devrait pas dire ça. Certaines personnes nous transforment et nous manipulent si bien qu’on ne se reconnaît plus! Mais tout va bien aujourd’hui ! A bientôt !

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