L’amour je…jetable?

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Parfois dans mes rêves qui ressemblent plus à des cauchemars, je me revois, couchée sur le sol marbré de la cuisine de mes parents.

Mon visage amaigri par tant de jours de privation, de nourriture mais encore plus d’amour, baignant dans ses propres larmes qu’il ne soupçonnait pas si amères.

Ce jour-là, je venais de me faire larguer comme un kleenex, à peine remise de mon accouchement, mon utérus peinait à retrouver sa place, mon cœur ne savait plus où était la sienne.

Oui, je venais bel et bien de me faire congédier comme une pestiférée, par téléphone, en deux phrases.

Je me souviens d’un épisode de Sex and the City dans lequel Carrie Bradshaw se faisait larguer par Burger (qui cela dit au passage était un mauvais coup), sur un post-it.

Elle avait du mal à comprendre comment on pouvait faire preuve d’autant de lâcheté, alors qu’entre adultes, à vrai dire, il est tout de même simple d’avoir une conversation plus ou moins censée selon les personnes.

Moi aussi.

Mais tout le monde mérite une explication, même notre pire ennemi.

Se faire jeter à la poubelle comme un vieux kleenex post-rhume, une vieille feuille sur laquelle on a trop écrit, une page de son agenda imbibée de café.

Ce jour-là, je venais à mon tour de comprendre ce qu’était l’amour jetable, se servir, consommer parfois jusqu’à l’intoxication, en redemander, puis décider comme si d’une chemise il s’agissait, de la jeter sans crier gare.

On se sert des gens comme de biens courants de consommations, on oublie qu’ils ont des sentiments, une âme, un cœur, des rêves, des projets.

On ne réfléchit pas trop, on fuit les problèmes, on ne se remet surtout pas en cause, il est tellement plus facile de faire table rase de tout et de faire comme si rien n’avait jamais existé.

Si aujourd’hui je vous parle de l’amour jetable, ce n’est pas pour m’apitoyer sur mon sort qui a finalement cassé la gueule au destin.

L’amour jetable, j’en entends parler tout le temps.

Régulièrement, trop à mon goût, j’apprends la séparation d’un couple, sans aucun préavis ou de signe avant-coureur.

Je suis parfois si triste de l’apprendre, déçue par le comportement de certains, désappointée par l’attitude de certaines.

J’essaie d’en savoir plus, de pousser les gens à communiquer, constatant trop souvent que les gens n’ont pas de raison digne de ce nom pour envisager des chemins séparés.

J’ai parfois l’impression que les couples empruntent trop facilement la voie de l’impasse, ne désirant pas voire les difficultés submerger leur quotidien qu’ils rêvent idyllique.

Mais qui ne l’a pas rêvé ?

Oui, parce qu’il est vrai que quand on se met en couple, on se croit invincible, plus forts que les autres, rien ne peut nous atteindre.

On est amoureux, aucune peine, souffrance ou problème n’osera s’attaquer à notre cocon, non, ils n’oseraient pas ces cons.

Pourtant, l’expérience nous apprendra à tous que le sentiment amoureux ne nous immunise pas contre les échecs, les faiblesses, les tracas du quotidien.

Quoi de plus propice à la friction d’un couple que d’habiter ensemble et découvrir les petits défauts dissimulés de l’autre, ses imperfections, son intimité ?

Alors, quand la première difficulté fait face, on se dit que ça y est, tout est fini.

Finalement, « on n’était peut-être pas fait pour être ensemble ».

Je suis peut-être vieux jeu, mais ne pensez-vous pas que dans une ère de consommation comme la nôtre, l’amour est devenu lui aussi un bien jetable, bac non-recyclable?

Quand l’amour ne correspond soudain plus aux illusions que nous nous étions faites, on le jette sans réfléchir aux conséquences.

On s’empresse de s’inscrire sur un site de rencontres, comme si la personne qui était allongée dans votre lit la nuit d’avant et les 7190 précédentes n’avait fait que passer, un fucking friend quoi.

Allez, salut !

On oublie de souffrir, là, tout de suite.

On balaye des années de joies et de bonheurs, de projets rêvés et réalisés, on semble aussi parfois oublier qu’on a eu des enfants et la raison qui nous a poussés à vouloir être parents.

Aurions-nous une mauvaise définition de la vie à deux, d’une relation ?

Une relation doit nous enseigner à nous dépasser, à accepter l’autre tel qu’il l’est et non pas tel que nous le voulons, à notre image.

Nous devons apprendre à nous améliorer pour mieux vivre ensemble !

Quoi de plus facile d’être amoureux quand tout va bien dans le meilleur des mondes, au pays de Candy ?

Je trouve que c’est justement dans les difficultés que l’on peut vérifier les capacités de l’autre à aimer, à écouter, à communiquer.

C’est ensemble que l’on doit essayer de trouver une solution aux problèmes.

Alors, évidemment, ce n’est pas simple.

Cela demande beaucoup de travail et surtout de la volonté, cela peut devenir un véritable parcours d’endurance : faire des concessions, fixer nos limites, gérer nos émotions mais aussi nos réactions, s’adapter, accepter un peu de changement, respecter l’autre et ce qu’il est, écouter, s’exprimer et laisser l’autre le faire, et surtout, je ne vous apprendrai rien, COMMUNIQUER.

Pourquoi est-ce qu’au début d’une relation, on est prêt et l’on se sent capable de déplacer des montagnes, et quand les premiers tracas font leur apparition, on se sent la mobilité d’un pachyderme ?

Evidemment, tomber et s’écorcher à vif cela nous forge, cela fait de nous des personnes plus fortes.

On se passerait pourtant de certains apprentissages et de certaines blessures, n’est-ce pas ? (ouiiiiiiiii).

Heureusement, beaucoup de couples y arrivent et sont pour moi des modèles.

J’ai récemment fait la connaissance d’un couple qui a vécu l’enfer d’un cancer du sein foudroyant, un autre qui avait perdu un bébé, épreuves aux immenses séquelles, on peut l’imaginer.

Des années après les avoir traversées, contournées et anéanties, ces épreuves, ils se sentent plus amoureux que jamais, leur amour renforcé de leur victoire commune.

Alors permettez-moi de dire que ceux qui abandonnent tout pour un surplus de kilos, une trop grosse charge de travail, une manie dérangeante, une baisse de libido, une incompatibilité de hobbies, un ongle incarné ou je ne sais quel autre motif qui n’en est pas vraiment un, devraient se remettre un petit peu en cause.

L’arc-en-ciel après la pluie, vous connaissez ? Cela n’existe pas que dans les Bisounours !

Photo prise après une grosse tempête...
Photo prise après notre premier orage ensemble

Accrochez-vous, putain !

Vivant moi-même une très jolie histoire, je peux affirmer sans avoir à demander l’autorisation de ma moitié que nous sommes très heureux en couple.

Ce n’est pas pour cela que nous n’avons pas de difficultés, ô que si, et elles sont de taille, notre modèle familial étant assez chamboulé, mais ça, j’en écrirai un jour un livre !

Elles sont d’ailleurs peut-être bien supérieures à celles rencontrées dans nos relations précédentes, ce qui peut paraître complètement fou.

Seulement avec lui, ou plutôt devrai-je dire ensemble, elles nous paraissent moindres et nous avons su en parler, les contourner, leur dire merde et avancer.

Les kleenex, nous avons décidé de les garder pour notre session de visionnage de «The Notebook »…ou nous faisons désormais l’usage de mouchoirs en tissu…ça se lave, et hop, c’est reparti !

Oui, je sais, il est presque parfait et je ne vous mens pas : il accepte de regarder avec moi « The Notebook », avec Ryan Gosling, oué.

Si ce n’est pas de la concession et de la capacité à s’adapter à l’autre, ça 😉 ?

Bonne soirée et bonne fête de la musique !


16 réflexions sur “L’amour je…jetable?

  1. Dans sommes dans une ère de l’éphémère, sur les réseaux sociaux tu « like » et tu « unlike » comme qui rigole .. le résultat se transpose dans la vraie vie où l’amour devient de manière convenue quelque chose d’éphémère … Ce n’est pas la société que je voulais .. On a du rater quelque chose

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  2. Ton ex a vraiment l’air d’être un gros goujat…. C’est donc certainement finalement une bonne chose, mais je n’ose pas imaginer la douleur d’être larguée post accouchement. Et je me souviens très bien du post-it 😉
    C’est marrant j’y pensais justement ce matin, nous entamons notre 10eme année, et on en a traversées des crises. Et oui il y a eu des moments où j’ai eu très envie de claquer la porte. Mais c’est là que justement il faut faire preuve de volonté et se remémorer pourquoi on a choisi cette personne. Je ne sais pas pour vous, mais c’est en général après ces périodes dures que nous avons vécu les plus grands bonheurs en plus. J’espère que ça durera, pour vous comme pour nous.
    Et c’est vrai qu’avec toutes ces applis, on a l’impression que la nouveauté et l’excitation ne sont qu’à un clic. Dommage que la familiarité avec quelqu’un et le sentiment de sécurité que procure une relation stable ne soient pas valorisés dans notre société.
    Dlee, commentaire fleuve!

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  3. C’est l’ère du kleenex, du « moi,je » alors forcément dès qu’il y a un problème, il n’y a plus personne. Pas de communication, plus de couple, on passe au suivant. Quelque part, avoir une relation – même si elle est loin d’être parfaite et idéale – avec quelqu’un de plus âgé me protège de ça. On pense au sexe avant de penser à se connaître, on s’amuse et certains s’attachent malgré le rôle détaché qu’ils/elles se donnent – ce sont celles et ceux qui souffrent quand ils sont laissés comme des malpropres. Dans l’adversité, dans les épreuves et les difficultés, parfois dans les doutes, on apprend l’amour à deux tout en se découvrant soi-même, on le construit à deux, tout doucement. Merci pour ce bel article.

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  4. Un vendredi matin, mon ex est parti bosser… il n’est pas rentré pendant 3 semaines, sans aucune explication. Il est rentré, est resté quelques heures et est reparti. Il entretenait une liaison avec une gamine de 18 printemps… Si j’ajoute que j’étais enceinte de 4 mois, je pense que tu connaitras mon avis sur le sujet de ton billet 🙂 Depuis l’eau a coulé sous les ponts et je n’ai aucun regret mais, sur le moment, j’avoue que ça ne m’a pas fait rire…
    Bisous ma belle 🙂

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    1. Je suis complètement d’accord avec toi, on ne se bat plus pour rester ensemble. On balaye tout d’un revers de la main et je trouve ça triste. Communiquer est primordial mais certains en sont incapables.
      Il y a 8 ans, mon ex est rentré d’une garde de 24h à l’hôpital et m’a annoncé au petit matin qu’il n’y arrivait plus et qu’il partait. Comme ca, du jour au lendemain. Je n’ai rien vu venir. Et aucune discussion n’a pu le faire remettre en question sa decision. Ca m’a brisé le coeur, bien sûr. Mais aujourd’hui, cela m’a appris à être plus attentive aux signes, à prendre le temps de mettre carte sur table quand c’est nécessaire. L’amour mérite qu’on se batte pour lui. Par contre, la base, c’est de toujours être amoureux de l’autre.

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      1. Bonjour Élodie, ah cette lâcheté quel on rencontre si souvent! Évidemment, on a le droit de ne plus être amoureux, ce sont des choses qui arrivent mais quand on aimé quelqu’un aussi longtemps, qu’on a partagé tant de choses, le respect est obligatoire. Je suis heureuse de savoir qu’aujourd’hui tu savoures à nouveau la vie. Merci pour ton commentaire et à bientôt.

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    2. Oh ma Fedora, cela me désole de savoir que tu es passée par là également et finalement de voir que cela arrive bien souvent ( je suis une autre blogueuse qui est en plein dedans et cela m’a déchiré le cœur). Mais heureusement tu as rebondis, et bien ! Gros bisous

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  5. J’aime l’image du mouchoir que l’on lave. Je pense que tu es vraiment juste. Un couple ce n’est jamais tout lisse et tout propre comme est la vie sur FB. Un couple ça se froisse, se salit, se plie, mais comme tu le dis aussi ça se lave pour mieux repartir plus fort. Merci pour ton article. Bonne journée

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    1. Merci à toi pour ton commentaire. Évidemment, nos expériences personnelles y sont pour beaucoup mais je vois des gens de mon âge aussi faire tellement de conneries et ne pas creuser plus loin alors que ça en vaudrait la peine ! A bientôt

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  6. Tout à fait d’accord avec toi.
    Tellement habitués à ce que tout soit adaptable et agréable que que ça ne l’est plus, hop! on « passe à autre chose », drôle de monde!
    je pense que certaines séparations pourraient être évitées avec un peu d’efforts et que l’amour, c’est chouette mais qu’il ne faut pas non plus penser qu’il suffit et qu’il vit tout seul !

    Bref, et comme le disait quelqu’un en commentaire plus haut, il faudrait aussi que l’amour « du quotidien » soit valorisé et non moqué voire dénigré comme la fameuse « routine qui tue ».
    La routine ne tue pas, c’est les interprétations et la manière dont tout cela est vécu qui tue…

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  7. C’est sûrement une des raisons qui me font craindre l’amour Cristina. Et pourtant j’ai de beaux exemple devant moi. Mais j’en ai de déplorables aussi, des personnes quittées d’un simple SMS, d’autres plaquées parce qu’il n’y a plus la passion du début. Il me semble loin le temps où on s’accrochait pour l’amour justement, on l’amour passait avant le reste, où les tempêtes nous rapprochaient.
    Au coeur de toutes les tempêtes connues à deux, j’ai toujours été très seule. Il est clair qu’il ne s’agissait pas des bons. Fort heureusement.
    Mais je me demande à quoi pourrait ressembler une belle histoire d’amour aujourd’hui…

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