Tout peut arriver

Pour quelques heures, je lâche aujourd’hui mon manuscrit riche de mes 42 500 mots et ses 112 pages.

D’abord parce que je me dois d’honorer mon devoir conjugal, ensuite parce que je ne souhaite pas que cela devienne une obsession (en vrai, ça l’est).

Ecrire un livre est sans aucun doute un exercice très difficile.

Ecrire un livre dans lequel on parle beaucoup de soit l’est bien plus.

Retourner chercher ses souvenirs, fouiller dans sa mémoire, bousculer ses peurs, repousser les angoisses qui meurent d’envie de se frayer un chemin par la petite porte entrouverte, prendre du recul.

Si je me sens capable de le faire, c’est que j’estime avoir tourné la page depuis longtemps sur un passé qui m’a façonnée pour être celle que je suis à l’instant où j’écris ces mots.

Belle, sensuelle et cougar assumée. Libre, épanouie et heureuse, j’ai de nouveau appris à tutoyer le bonheur.

Je le conjugue même au plus que parfait, vous ne me croyez pas ?

Rien que pour vous : je n’eus jamais cru que je tutoyasse de nouveau le bonheur de si près.

Ça claque, hein ?

J’assume les erreurs que j’ai faites, ainsi que leurs lourdes conséquences, dommages collatéraux inclus.

Cette introspection profonde que j’avais déjà pu faire avec un professionnel, me laisse tout de même à chaque fois stupéfaite.

Je croyais être une personne, je croyais me connaître.

Pourtant, au contact d’une autre, je me suis littéralement transformée en une femme que je n’ai jamais été, en réalité.

Je prends à chaque fois l’exemple des feuilletons qui sont diffusés sur M6 après le déjeuner, pour expliquer ce qui m’est arrivé.

Ne dites pas que vous n’en avez jamais vu un seul, ne serait-ce que quelques minutes.

Ces histoires tirées par les cheveux, où Jason manipule la blonde et innocente Nickie qui n’a rien vu venir, alors, que nous, derrière notre écran, on s’exclame :

« Non, mais, elle est blonde, ou bien ? Comment peut-elle le croire ? Elle ne va pas tomber dans le panneau quand même ? Mais c’était évident ! ».

C’est à cet instant que vous décidez de zapper sur Chasse et Pêche, émission intellectuellement plus évoluée.

J’ai été cette Nickie.

Le seul détail qui différait, c’est que j’étais brune (je vous laisse lire le message qui en découle).

J’en profite pour présenter mes excuses à toutes mes amies blondes.

Comment une fille comme moi, qui se revendiquait à forte personnalité, maîtresse de ses choix avait-t-elle pu subir un tel changement sans tirer la sonnette d’alarme ?

En retranscrivant certaines scènes absolument inconcevables aujourd’hui, je réalise à quel point je n’ai jamais rien voulu voir, alors que les faits étaient là, devant moi et que j’étais la seule à ne pas me rendre compte de la gravité de la situation.

Des proches ont bien tenté de m’alerter.

Je les jugeais hâtivement jaloux et les rayais de ma vie, sans appel.

L’état de fragilité dans lequel je me trouvais au moment où est survenue la rencontre fatale m’a rendue perméable aux griffes de ce manipulateur narcissique qui m’avait flairée comme la proie idéale.

En manque de confiance, à la recherche d’une reconnaissance que je n’avais jamais eue de la part de mes proches, je tombais candidement dans un piège que je refermais moi même.

Si j’écris tout cela, c’est pour rappeler à tout le monde que personne n’est à l’abri de vivre une histoire de soumission, manipulation et destruction.

Petit à petit, ce genre d’individu va ponctionner votre personnalité, tel un vampire, pour vous en écrire une nouvelle, celle qui lui convient à lui.

Vous ne jugerez que par lui, le laisserez volontiers vous éloigner de vos amis, votre famille, vos centres d’intérêt.

Il vous fera croire que tout ce qu’il fait est pour votre bien.

Détrompez-vous, la seule personne à qui il fait du bien, c’est à lui.

Non, non, je ne tomberai jamais dans le pathos ou dans le mélodramatique.

Le côté obscur de la force n’a pas vaincu, amis padawans.

Je préfère rire, même des choses tristes.

En passant ma tête dans mes mémoires, je jette un regard amusé sur certaines situations ridicules que je me suis laissée imposer.

A croire que j’avais 3 grammes d’alcool dans le sang en permanence ou que je carburais au crack, parfois les deux.

Je me demandais aussi, souvent, si je n’étais pas illuminée ou si cette fille étrange que j’avais croisée dans mon ancien job, ne m’avait pas jeté un sort (elle me parlait parfois de culottes maléfiques avec lesquelles elle piégeait ses amants).

Il fut même une période où je vérifiais tous les jours si je n’avais pas un trou de mon crâne, suspectant fortement qu’il ait aspiré mes neurones.

Que nenni les amis.

J’étais une grande fille, plutôt assez bien constituée, qui s’est laissée dire ce qu’elle avait envie d’entendre à cet instant précis.

J’ai donc été une victime consentante.

Une fois dans l’engrenage infernal, la sortie de route peut vous coûter la vie.

Elle a failli coûter la mienne.

Alors, quand je regarde le chemin parcouru, je suis plutôt fière de moi.

Renaître des cendres est possible et connaître le véritable bonheur, AUSSI.

Plus j’avance dans la vie, plus je me rends compte que j’ignorais la définition du bonheur.

Ce processus d’écriture est donc également pour moi une manière de sceller un épisode de ma vie qui me fait regarder loin devant, et non plus loin derrière.

Et ça, déjà, c’est une victoire.

Je vous laisse, je suis appelée au deuxième tour du devoir conjugal.

Merci d’être arrivés jusqu’ici.

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11 réflexions sur “Tout peut arriver

  1. Oui tout peut arriver, tu le sais, je suis passée par là moi aussi, j’ai été ce paillasson, cette épave paumée en pleine mer. J’ai envie de dire que tout peut arriver même le meilleur! Et c’est bien pour ça que la vie est merveilleuse!
    Je t’embrasse bien fort ma belle, contente que ton roman avance.

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  2. Félicitations et bon courage pour le travail d’écriture.

    « qui s’est laissée dire ce qu’elle avait envie d’entendre à cet instant précis », tu mets le doigt sur le problème de bon nombre de relations, ou comment les illusions dont on se berce arrivent à prendre le pas sur notre personnalité. Pas facile de poser des mots sur ces expériences, d’avoir le recul nécessaire, mais ça peut en aider plus d’une, de partager cela.

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    1. Merci beaucoup Cléa…en effet, c’est aussi pour cela que j’aimerai réussir à aller au bout de ce projet… montrer les signes avant coureurs et comment on peut sombrer là dedans sans s’en rendre compte … merci beaucoup pour ton message 💜

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  3. C’est drole puisque j’écris aussi depuis quelque temps pour une épreuve qui si elle n’est pas la même, y ressemble par certains aspects. C’est fou de se dire  » Putain mais je suis tebée ou comment ça se passe ? » Et pour moi le coup de la blonde, ça marche.

    Je te remercie d’écrire, de partager, de témoigner, de t’ouvrir malgré ce que cela te coûte. Sans tes mots, tes écrits, des photos, ces bouts de toi, cela aurait été bien moins simple pour moi. Merci mille fois ❤️

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  4. Bonjour,
    Je viens de finir votre livre !
    Waouh !!!!
    En plus de me reconnaître un peu dans cette histoire, j’ai adoré. ..
    Je suis libraire en Normandie
    Et je vais m’empresser de faire un super coup de coeur.
    Merci pour ce magnifique livre
    Pleins de belles choses à vous et vos proches

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    1. Bonjour Carmen, merci beaucoup pour votre message, quel plaisir de commencer sa journée ainsi ! Cela met du baume au cœur après 2:30 dans le transports ! C’est adorable d’avoir pris le temps de m’écrire ! Puis-je vous demander le nom de votre librairie ? Merci beaucoup et excellente journée à vous, peut être à bientôt ! Cristina

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