Lecture coup de coeur – « Une maison dans le ciel », un récit bouleversant.

Il y a des lectures vers lesquelles nous sommes naturellement attirés.

Des couvertures chaleureuses, des titres poétiques, une promesse d’amour, un élan d’émotion, parfois même un soupçon de tristesse.

On est toujours à la recherche de quelque chose lorsque l’on caresse la couverture d’un livre.

Va t-il nous offrir de la joie ? De la tristesse ? Va-t-il m’enseigner des choses, m’éclairer sur un sujet, me faire réfléchir ? Vais-je pleurer ou rire ? Peut-être même les deux.

Pour ma part, beaucoup de mes choix de lecture se portent et se porteront toujours sur l’amour.

Depuis les sœurs Brontë, à Stendhal, en passant par Jane Austen et aujourd’hui des auteurs contemporains comme Albert Cohen, Jojo Moyes, Gabriel Garcia Marquez ou Alexandre Jardin, j’ai toujours été en quête de la flamme qui nous a tous brûlé un jour ou par laquelle on rêve de se faire ravager.

Je suis une amoureuse de l’amour, que voulez-vous.

Trêve de minauderies.

Quand j’ai eu le livre dont je vais vous parler entre les mains, ce n’est pas le mot amour qui m’a sauté au visage.

Pas vraiment, non.

Le titre est assez parnassien, « Une maison dans le ciel ».

La couverture est le portrait d’une jolie jeune femme, que l’on imagine douce et délicate.

Puis je comprends qu’il s’agit d’une histoire vraie.

Cette histoire, c’est celle d’Amanda Lindhout, qui a été détenue pendant 460 jours aux mains de miliciens islamistes, en Somalie.

Vous conviendrez que l’on fait mieux comme histoire de romance, je vous l’accorde.

J’ai tout de même eu envie de le retourner, ce livre, et de lire le quatrième de couverture.

C’est en général l’épreuve de feu, celle qui va me convaincre de le mettre dans mon panier ou de le laisser sur l’étagère.

Indéniablement, ma curiosité avait été piquée au vif.

Comment cette jeune canadienne avait survécu à une détention dans un pays considéré comme l’un des plus dangereux au monde, où la milice islamiste Al Shabaab, liée à Al Qaida, contrôle la plus grande partie de la Somalie, dans sa condition de femme occidentale, qui plus est, non musulmane ?

Best-seller international, titulaire de plusieurs prix, j’ai saisi que ce témoignage avait quelque chose de poignant et qu’il me fallait le lire.

Me voilà alors embarquée dans l’enfance d’Amanda, au Canada, dans la ville de Silver Lake.

On ne peut pas dire qu’elle ait eu une enfance très heureuse, dans une famille modeste, très tôt éclatée, qui ne lui offrira pas le réconfort ou la tendresse dont rêvent toutes les petites filles.

Amanda s’évadera de son quotidien hostile en se plongeant dans de vieux numéros du célèbre magazine National Geographic, qu’elle achète vint-cinq cents, dans une bouquinerie de sa rue.

Ce furent les premiers voyages de la petite fille canadienne.

Ces paysages fabuleux, couchés sur le papier glacé, offraient à Amanda une fenêtre sur le monde, un monde qui se voulait riche et coloré, un monde qui la faisait fantasmer.

Plutôt que dans les pages des magazines, Amanda caresse l’espoir de découvrir ces merveilles que le monde a à offrir, de ses propres yeux.

Alors, plutôt que de faire des études, elle décide de travailler comme serveuse, job avec lequel elle parvient à réunir des sommes assez importantes pour partir d’abord à la découverte de l’Amérique du Sud, puis de l’Asie.

Amanda est curieuse et aura vite envie de tutoyer le danger de plus près.

Les seuls noms de l’Afghanistan, Syrie ou Irak nous auraient probablement fait fuir.

La canadienne, elle, est tentée de découvrir si ce que l’on raconte dans les médias est véridique et d’approcher ainsi l’horreur.

Elle s’imagine reporter de guerre et réunira toute son énergie et sa force de caractère pour pénétrer le très dur milieu du journalisme, en terrain si hostile.

En Éthiopie, elle rencontrera Nigel, avec qui elle vit une histoire d’amour.

Elle ne savait alors pas dans quel enfer elle allait l’entraîner, malgré elle.

Amanda est téméraire, aime à braver les dangers et se sent presque irrésistiblement attirée par les situations périlleuses.

On ne peut pas le nier, la jeune et jolie Amanda a l’amour du risque.

Elle finit par connaître le véritable visage du danger, lorsqu’elle se fait kidnapper, en Somalie, avec son désormais ami Nigel, par un groupe d’hommes armés, appartenant à une milice islamiste, à Mogadiscio.

S’en suivent 460 jours de captivité, aux mains de ravisseurs dont Amanda ignore au départ la véritable motivation.

Ils apprendront assez vite que les membres de l’organisation islamiste réclament une rançon s’élevant à plusieurs millions de dollars.

Les conditions de détention ont été effroyables.

Il n’existe d’ailleurs aucun adjectif pour qualifier véritablement la souffrance et l’horreur dans laquelle Amanda est jetée, sans appel.

Il est certain que la toute nouvelle reporter ne s’attendait pas à regarder la mort en face de si tôt.

Nous vivons au fil des pages une éprouvante et abominable histoire de violence, humiliation, maltraitance.

Je ne pourrai en dire plus, la réalité est bien plus dure que ces simples noms communs.

Très rapidement, nous sommes transportés dans cet incroyable récit, ce combat pour la vie, contre la mort qui la menace chaque jour, à l’encontre de la violence de ces hommes, ensorcelés par une folle illusion.

Seule femme au milieu de ces soldats du djihad, qui prétendent se réfugier dans la religion pour mener à bien leur mission, Amanda fait preuve d’une force de caractère inimaginable, pour s’accrocher au mince fil qu’est désormais son existence.

Elle se convertira à l’Islam, pour mieux comprendre ses ravisseurs mais surtout pour tenter de les adoucir et de se voir peut être considérée comme une sœur.

Elle deviendra Amina, étudiera le Coran, priera cinq fois par jour, s’appliquera à exercer le culte musulman du mieux possible.

Je lui tire ma révérence, sa force et sont courage sont presque surréalistes.

A aucun moment du récit, nous tombons dans le pathos.

Avec Amanda, nous nous raccrochons aux souvenirs, au mince filet de lumière qui pénétrera dans sa cellule, à la moitié d’une papaye qu’un ravisseur lui offrira dans un inattendu élan de générosité.

Son instinct de survie est absolument ahurissant.

Avec elle, nous pleurons aussi, dans les plus grands moments de désespoir et de cruauté.

Nous perdrons presque espoir et attendrons le pire.

Puis, avec Amanda, nous nous réfugions dans cette maison dans le ciel, qu’elle imagine joyeuse et synonyme de liberté.

Elle essaiera de comprendre les véritables motivations de ses tortionnaires, qui n’en restent pas moins des êtres humains et la façon dont ils ont pu sombrer dans cette folle épopée.

Cette histoire est évidemment d’autant plus touchante et saisissante parce qu’elle est vraie.

Nous pouvons mettre un visage sur ces mots, une âme véritable derrière ces pages noircies par les ténèbres.

Il n’en ressort pas moins un message d’espoir après sa libération qu’elle n’attendait plus.

Amanda Lindhout est un véritable modèle de bravoure.

On peut se dire qu’elle l’a cherché, qu’elle savait qu’elle prenait des risques, bien évidemment.

Mais malgré l’horreur vécue, elle véhicule aujourd’hui une déclaration de paix, une ouverture d’esprit et une véritable missive d’espoir, qui a tout son sens dans le contexte actuel que nous connaissons tous.

Elle a choisi de pardonner à ceux qui lui ont volé sa liberté, peut-être pour toujours.

« Pour mon propre bien, je fais primer le pardon et la compassion sur tous les autres sentiments – colère, haine, confusion, apitoiement sur mon sort – qui bouillonnent en moi… ».

Je me demande aujourd’hui où elle a puisé la force pour se reconstruire et être à la tête de la fondation « Global Enrichment Foundation » qui vient en aide aux femmes somaliennes, dans ce pays qui a été pour elle synonyme d’enfer.

Il y a des destins comme celui d’Amanda Lindhout, incroyables, qui vous mettent une claque et vous remettent à votre place.

Je salue ici le talent de Sara Corbett, co-auteure du livre, qui grâce à ses descriptions fouillées, nous livre une peinture sur papier, dans laquelle nous avons la chance de découvrir le moindre détail de l’histoire.

Bravo à Amanda qui a eu le courage de partager avec nous ce supplice, sans aucun doute un exercice très difficile, qui l’a obligée à fouiller de nouveau ses douloureuses réminiscences.

C’est un livre que je vous conseille, avant tout pour la leçon de vie qui nous est livrée.

Une fois entre vos mains, vous ne pourrez plus vous arrêter.

En tournant la dernière page, je me suis sentie toute petite…comme une envie de grandir autrement.

Merci aux Editions Seramis de m’avoir fait découvrir ce témoignage, absolument bouleversant.

Signature


3 réflexions sur “Lecture coup de coeur – « Une maison dans le ciel », un récit bouleversant.

  1. Je trouve que tu t’en sors très bien dans cet avis littéraire. C’est le genre de récit qui donne à voir une autre vision des choses et nous montre aussi que malgré le pire, nous pouvons renaître. Merci pour ton partage Cristina. Tu m’as donné envie de le lire!
    Je t’embrasse et bonne continuation dans l »écriture de ton livre. I’m with you on this!

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